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XXX — ÉPILOGUE — À MELPOMÈNE
J'achève un monument à jamais glorieux ;
Le bronze même est moins solide,
Et la royale pyramide
S'élance moins haut vers les cieux.
Rien n'en peut renverser le faîte,
Rien, ni les pluvieux autans,
Ni les efforts de la tempête,
Ni les siècles sans nombre et la fuite du temps.
Le poète au sombre domaine
Tout entier ne descendra pas;
Du favori de Melpomène
La plus noble moitié doit survivre au trépas.
Ma gloire avec les ans croîtra toujours nouvelle,
Tandis que la Vestale et le prêtre des Dieux,
Dans un recueillement pieux,
Graviront la roche éternelle.
Horace, dira-t-on, le premier dans ces lieux
Où l'Aufide en grondant roule son flot rapide,
Et dans cette contrée aride
Où sur d'agrestes fils des champs
Daunus étendit sa puissance,
Illustrant son humble naissance,
Au rythme éolien sut marier nos chants.
Tu le peux, désormais sois fière
De mon renom chez les Romains;
Triomphe, ô Muse, et que tes mains
Du laurier d'Apollon ceignent ma tête altière.
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M. ANQUETIL, professeur de latin au Lycée de Versailles pendant plus de vingt ans, est l'auteur de cette traduction en vers des œuvres lyriques d'Horace. Il s'agit d'une "édition classique" (traduction en clair : les pièces et passages supposés susceptibles de heurter la pudibonderie louis-philipparde y sont purement et simplement censurés...)
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